Yéniches et Sintés Accueil des gens du voyage: Avully voit rouge Chloé Dethurens La Commune, dans laquelle une aire de passage est prévue, estime ne pas avoir été suffisamment consultée. Elle a pris un avocat. Après des années de recherche, un terrain a pu être identifié pour accueillir les gens du voyage suisses à Genève, du côté d’Avully. Or, en apprenant l’avancement du projet décrit dans la «Tribune de Genève» lundi, la commune de la Champagne a vu rouge. La Mairie estime ne pas avoir été suffisamment consultée et Ta fait savoir lors d’une séance avec le Canton, puis au Conseil municipal.
Tribune de Genève, Chloé Dethuren
Celui-ci a voté une résolution visant à soutenir l’Exécutif
communal dans ses démarches. «Stupéfaits, choqués, mécontents.» C’est en ces termes que le maire d’Avully, Vincent Mottet, soutenu par ses deux
adjoints, a décrit la réaction de l’Exécutif en apprenant que leur
commune avait été choisie pour accueillir cette aire de passage qui
manque dans le canton. L’État prévoit en effet d’y créer un site de
halte temporaire pour Yéniches et Sintés suisses, dans l’incapacité
aujourd’hui de s’arrêter provisoirement à Genève. La Mairie et le
Municipal étaient au courant qu’une parcelle près de la Touvière était
étudiée pour accueillir les gens du voyage, mais pas que le projet était arrêté.
«Nous avons reçu un courrier en octobre d’Antonio
Hodgers, qui nous indiquait que cette possibilité était envisagée, rien
de plus», a rappelé le maire au Conseil municipal de jeudi, séance pour
laquelle plusieurs habitants s’étaient déplacés. À l’époque, en
apprenant que la parcelle - propriété de l’État était étudiée, les
autorités avaient demandé à être reçues par le Canton. Ce qui a été fait lors d’une séance en fin d’année. L’Exécutif y a fait part de ses
inquiétudes: les nuisances possibles pour les riverains, le fait que la
zone soit inondable, ou encore qu’elle soit polluée, puisqu’elle abrite
une ancienne usine chimique désaffectée. «Nous avons conclu que rien ne
serait fait sans que la Mairie soit consultée, ce que la loi sur
l’administration des communes exige, d’ailleurs», poursuit Vincent
Mottet.
Le 20 décembre, la Mairie reçoit un planning du Canton.
En parallèle, elle se prémunit en s’attachant les services d’un avocat.
«Impréparation» Puis, jusqu’en mars, silence radio. Les trois magistrats relancent l’administration. Ils demandent un état d’avancement du
dossier.
Ils contactent encore l’administration fin avril pour
disposer des éléments nécessaires afin de préparer la rencontre prévue
en mai. Une séance finit par se tenir mardi dernier. «Lors de cette
réunion, nous avons appris avec stupéfaction que le projet avançait et
qu’Avully était devenu la seule option, parmi d’autres étudiées, ajoute
le maire. Tout cela sans que nous ayons été tenus au courant. Les
riverains n’ont pas été contactés.
On nous répond que la zone
n’est pas inondable, sur la base de plans obsolètes. Or, la Protection
civile envoie des documents actualisés chaque année aux résidents, lors
de l’essai des sirènes, qui montrent que c’est le cas. Il y a une
impréparation dans ce dossier.» Aujourd’hui, la Commune est «résolue à
se battre», dénonçant des engagements «non tenus» et une «rupture de
confiance» avec l’État, sur un dossier qui suscite l’inquiétude dans la
région. Des magistrats d’autres villages sont d’ailleurs prêts à suivre
Avully dans ses démarches, indique la Commune.
Le Municipal,
lui, a montré son soutien en votant à l’unanimité une résolution. Groupe de pilotage Or, l’État assure avoir tenu au courant la Mairie. «En
octobre 2021 déjà, le Département du territoire lui indiquait par écrit
qu’un site avait été identifié, mais qu’il nécessitait de mener un
certain nombre d’approfondissements pour évaluer la solidité de cette
option, indique Pauline de Salis, porte-parole. Une étude de faisabilité était également annoncée. En décembre 2021, les mêmes informations ont
été transmises au Grand Conseil dans les réponses à deux motions.
» Aujourd’hui, cette étude doit être lancée, dit le Département. Il
entend créer cet automne «un groupe de pilotage, intégrant la Commune,
pour en définir les contours». L’État rappelle que la mise à disposition d’aires d’accueil adéquates pour les gens du voyage est une obligation
fédérale. «Elle va de pair avec la reconnaissance officielle de cette
communauté comme une minorité nationale et donc la nécessité de répondre à ses besoins, ainsi que le rappelle un avis de droit rendu en décembre 2020 à la Commission fédérale contre le racisme», précise le
Département. Rappelons que ce n’est pas le seul dossier sur lequel la
Commune est en bisbille avec le Canton.
Des projets de logements sont également suspendus par la nouvelle courbe de bruit admissible du
Plan sectoriel de l’infrastructure aéroportuaire. Avully attend depuis
plusieurs mois une séance, qui ne se tiendra qu’à l’automne..