Accueil des gens du voyage: Avully voit rouge

14. Mai 2022

Yéniches et Sintés Accueil des gens du voyage: Avully voit rouge Chloé Dethurens La Commune, dans laquelle une aire de passage est prévue, estime ne pas avoir été suffisamment consultée. Elle a pris un avocat. Après des années de recherche, un terrain a pu être identifié pour accueillir les gens du voyage suisses à Genève, du côté d’Avully. Or, en apprenant l’avancement du projet décrit dans la «Tribune de Genève» lundi, la commune de la Champagne a vu rouge. La Mairie estime ne pas avoir été suffisamment consultée et Ta fait savoir lors d’une séance avec le Canton, puis au Conseil municipal.

Tribune de Genève, Chloé Dethuren

Celui-ci a voté une résolution visant à soutenir l’Exécutif communal dans ses démarches. «Stupéfaits, choqués, mécontents.» C’est en ces termes que le maire d’Avully, Vincent Mottet, soutenu par ses deux adjoints, a décrit la réaction de l’Exécutif en apprenant que leur commune avait été choisie pour accueillir cette aire de passage qui manque dans le canton. L’État prévoit en effet d’y créer un site de halte temporaire pour Yéniches et Sintés suisses, dans l’incapacité aujourd’hui de s’arrêter provisoirement à Genève. La Mairie et le Municipal étaient au courant qu’une parcelle près de la Touvière était étudiée pour accueillir les gens du voyage, mais pas que le projet était arrêté.

«Nous avons reçu un courrier en octobre d’Antonio Hodgers, qui nous indiquait que cette possibilité était envisagée, rien de plus», a rappelé le maire au Conseil municipal de jeudi, séance pour laquelle plusieurs habitants s’étaient déplacés. À l’époque, en apprenant que la parcelle - propriété de l’État était étudiée, les autorités avaient demandé à être reçues par le Canton. Ce qui a été fait lors d’une séance en fin d’année. L’Exécutif y a fait part de ses inquiétudes: les nuisances possibles pour les riverains, le fait que la zone soit inondable, ou encore qu’elle soit polluée, puisqu’elle abrite une ancienne usine chimique désaffectée. «Nous avons conclu que rien ne serait fait sans que la Mairie soit consultée, ce que la loi sur l’administration des communes exige, d’ailleurs», poursuit Vincent Mottet.

Le 20 décembre, la Mairie reçoit un planning du Canton. En parallèle, elle se prémunit en s’attachant les services d’un avocat. «Impréparation» Puis, jusqu’en mars, silence radio. Les trois magistrats relancent l’administration. Ils demandent un état d’avancement du dossier.

Ils contactent encore l’administration fin avril pour disposer des éléments nécessaires afin de préparer la rencontre prévue en mai. Une séance finit par se tenir mardi dernier. «Lors de cette réunion, nous avons appris avec stupéfaction que le projet avançait et qu’Avully était devenu la seule option, parmi d’autres étudiées, ajoute le maire. Tout cela sans que nous ayons été tenus au courant. Les riverains n’ont pas été contactés.

On nous répond que la zone n’est pas inondable, sur la base de plans obsolètes. Or, la Protection civile envoie des documents actualisés chaque année aux résidents, lors de l’essai des sirènes, qui montrent que c’est le cas. Il y a une impréparation dans ce dossier.» Aujourd’hui, la Commune est «résolue à se battre», dénonçant des engagements «non tenus» et une «rupture de confiance» avec l’État, sur un dossier qui suscite l’inquiétude dans la région. Des magistrats d’autres villages sont d’ailleurs prêts à suivre Avully dans ses démarches, indique la Commune.

Le Municipal, lui, a montré son soutien en votant à l’unanimité une résolution. Groupe de pilotage Or, l’État assure avoir tenu au courant la Mairie. «En octobre 2021 déjà, le Département du territoire lui indiquait par écrit qu’un site avait été identifié, mais qu’il nécessitait de mener un certain nombre d’approfondissements pour évaluer la solidité de cette option, indique Pauline de Salis, porte-parole. Une étude de faisabilité était également annoncée. En décembre 2021, les mêmes informations ont été transmises au Grand Conseil dans les réponses à deux motions.

» Aujourd’hui, cette étude doit être lancée, dit le Département. Il entend créer cet automne «un groupe de pilotage, intégrant la Commune, pour en définir les contours». L’État rappelle que la mise à disposition d’aires d’accueil adéquates pour les gens du voyage est une obligation fédérale. «Elle va de pair avec la reconnaissance officielle de cette communauté comme une minorité nationale et donc la nécessité de répondre à ses besoins, ainsi que le rappelle un avis de droit rendu en décembre 2020 à la Commission fédérale contre le racisme», précise le Département. Rappelons que ce n’est pas le seul dossier sur lequel la Commune est en bisbille avec le Canton.

Des projets de logements sont également suspendus par la nouvelle courbe de bruit admissible du Plan sectoriel de l’infrastructure aéroportuaire. Avully attend depuis plusieurs mois une séance, qui ne se tiendra qu’à l’automne..