Quand les gens du voyage se rebiffent

22. Mai 2022

Loin des attaques qui fleurissent sur les réseaux sociaux, un campement de gens du voyage à Bussigny défend sa présence par voie de justice. Une démarche à saluer.

24 heures, Chloé Din

Les amalgames nauséabonds sont aussi vieux que les peuples nomades. Au XXIe siècle, ils n’ont malheureusement pas pris une ride. Pire, sur les réseaux sociaux, ils soulèvent le cœur sans aucun complexe. Un campement de gens du voyage s’établit illégalement sur une commune vaudoise? Certains croient bon d’écrire que «nos enfants sont en danger sur le chemin de l’école». D’autres avertissent: «Un jour, si ça continue, oui, quelque chose va leur arriver.» Le summum est atteint quand un internaute propose de «leur envoyer de grands chiens sauvages». Des paroles de braves gens.Les vannes du torrent de boue se sont ouvertes mardi dernier. Ce jour-là, la police a diffusé un communiqué signalant une recrudescence de vols dans le district où se situe ladite commune, Bussigny en l’occurrence. Quel rapport avec les gens du voyage, me direz-vous? Absolument aucun, selon la police. Dommage qu’il soit nécessaire d’en faire état dans nos colonnes.

Pour rassurer les braves gens, ajoutons que le campement de caravanes bussignolais n’est pas l’affreux coupe-gorge débordant d’ordures que dessinent les commentaires sur internet. Certes, les mobile homes sont entrés en force. Les gens du voyage l’assument, non sans rappeler que, faute d’aires autorisées, l’illégalité est le seul horizon d’un mode de vie qui doit bien trouver sa place.

Mais les gens du voyage ne s’arrogent pas tous les droits. Comme les propriétaires de terrains occupés, ils font valoir ceux dont ils disposent, comme le montre leur recours en justice contre leur expulsion, à Bussigny. Il semble que ce soit une première. Et une bonne manière de se rebiffer, faisant ainsi entendre leur point de vue, sans prêter attention aux attaques d’un autre âge.