Quels sont les différents groupes ethniques, leurs droits, leurs pratiques? Ce lexique précise les termes et les met en contexte.
Attention aux abus de langage et amalgames faciles! S'ils prennent tous la route avec leurs caravanes dès le printemps, les gens du voyage se distinguent les uns des autres. Certains nomades sont des citoyens suisses, les Yéniches, dont le mode de vie est protégé. D'autres viennent de l'étranger. Mais tous ne sont pas des Gitans, originaires du sud de la France et de la péninsule Ibérique. Ce lexique vous aidera à y voir plus clair.
Aire de séjour, de passage, de transit
Selon le dernier décompte, datant de 2020, la fondation Assurer l'avenir des gens du voyage suisses recensait seize aires de séjour (248 places: AR, BE, FR, GE, GE, SG, ZH) où ces nomades passent l'hiver et sont enregistrés auprès de la Commune. On dénombrait 24 aires de passage officielles (312 places) équipées de sanitaires et d'électricité. Dotées d'une quinzaine d'emplacements, elles permettent l'installation quelques semaines durant la période de voyage, du printemps à l'automne. Les haltes spontanées sur des terrains publics ou privés non dévolus à cet usage sont très fréquentes. La Confédération juge les aires de séjour et de passage indispensables à la préservation du mode de vie itinérant des minorités nationales (voir «Yéniches»). Or, celles de séjour sont saturées. La communauté appelle à la création de plus d'une vingtaine de sites. Les aires de passage se sont raréfiées et ne couvriraient qu'un tiers du besoin. Il en faudrait une cinquantaine de plus, dont cinq sur Vaud. Saisonnières, les sept aires de transit cantonales (pour 220 places) sont destinées aux grands convois de gens du voyage étrangers, dont l'arrivée massive au printemps pour trouver du travail accroît la pression sur les rares emplacements disponibles pour les indigènes. La conception fédérale «Aires de transit», en consultation, doit parvenir à doubler l'offre (entre 400 et 490 places pour quatorze à dix-huit aires) et coordonner l'effort des cantons.
«Monsieur Gitans» En février 2024, le délégué aux fusions de communes a gagné une seconde casquette. Le Conseil d'État l'a nommé coordinateur et médiateur pour les gens du voyage. Depuis, Laurent Curchod sillonne le terrain pour négocier dès qu'un convoi s'installe sans autorisation. Sa mission consiste aussi à trouver des parcelles susceptibles d'accueillir de petits groupes de nomades étrangers ou de Yéniches. Il seconde le préfet de Nyon Olivier Fargeon, lui-même délégué aux gens du voyage, qui pilote le groupe de travail sur le sujet.
Feckerchilbi C'est la fête traditionnelle des Yéniches et Sintés en Suisse. Elle rassemble la communauté durant trois à quatre jours, et ce depuis le XVIIIe siècle. Elle propose des performances musicales et artistiques, un marché artisanal, des rencontres autour de feux de camp.
Gitans C'est le nom qui désigne l'ethnie rom de gens du voyage vivant principalement en Espagne, dans le sud de la France et au Portugal. Elle parle des dialectes hispaniques, notamment le calé, mélange de catalan et de romani. Le terme Gitan est une déformation du mot «egyptiano».
Libre circulation En tant que citoyens européens, les gens du voyage étrangers bénéficient des Accords de Schengen, permettant d'entrer librement en Suisse. Le séjour pour exercer une activité lucrative, sans besoin d'autorisation, est cependant limité à trois mois par année. «Des cartes de commerce itinérant sont par ailleurs délivrées par les préfectures, cette dernière activité étant soumise à autorisation», précise le Canton, qui dit effectuer des contrôles renforcés.
Roms Ce terme prête à confusion. Il désigne à la fois le peuple parlant le romani et implanté en Europe de l'Est, mais aussi de façon plus large les trois groupes de populations (Roms-Tsiganes, Sintés-Manouches et Gitans) issus de l'ethnie déportée de l'Inde du nord dès le Xe siècle, pour atteindre l'Europe centrale au XVe. Les Roms seraient ainsi plus de 10 millions sur le continent, soit la plus importante minorité ethnique. «Rom» signifie «homme accompli et marié au sein de la communauté» en langue romani. Ce groupe a été victime de persécutions au fil des siècles et des camps de concentration nazis.
Sintés (ou Sinti) et Manouches Tout comme les Yéniches, il s'agit d'une minorité nationale officiellement reconnue par la Confédé[1]ration (voir «Yéniches»). Les Sintés compteraient au maximum 3000 membres en Suisse. Ils parlent le sinté-manouche ou sintilcès, un dérivé du romani. Ces populations issues de l'ethnie rom (voir cette entrée) se retrouvent principalement en France, où elles sont appelées «Manouches», en Italie, où on les nomme «Camminanti», et en Allemagne.
Travail Les Yéniches et gens du voyage étrangers vivent souvent de métiers itinérants. Ils sont colporteurs de marchandises ou actifs dans les secteurs de la réparation, des travaux d'entretien, de la rénovation de bâtiments, du recyclage, mais aussi rémouleurs (affûtage de lames), vanniers, acheteurs d'or ou de ferraille.
Toilettes Faire ses besoins à même le sol à l'extérieur du camp, plutôt que dans des toilettes. C'est le préjugé collé à tort à tous les gens du voyage, alors qu'une seule ethnie se distingue par cette pratique culturelle choquante à nos yeux. «Ce sont les membres de familles roms qui sont concernés par cette problématique, et non pas les Yéniches ou les Manouches», précisait en 2023 à «24 heures» Arnold Moillen, l'ancien gendarme vaudois sur- nommé «Capitaine Gitans». Dans cette communauté spécifique, il est inacceptable d'être vu aller faire ses besoins. Cette pratique concernerait surtout les femmes et les enfants, plutôt que les hommes, souvent occupés ailleurs en journée. La surpopulation d'un camp et le peu de toilettes à disposition peuvent également être des facteurs.
Tsiganes Considéré comme péjoratif depuis les années 80, ce terme sert à désigner des groupes au mode de vie non-sédentaire ou semi-sédentaire. Il faut préférer dire gens du voyage, autre désignation globale. Yéniches Les Yéniches forment la communauté de gens du voyage la plus importante du pays et sont des citoyens à part entière. On en compte environ 30'000, selon la Confédération, mais seulement 6% à 10% ont un mode de vie itinérant, du printemps à l'automne, pour travailler. L'hiver, ils sont sédentaires et se concentrent plutôt en Suisse alémanique (Argovie, Saint-Gall et Grisons). Les Yéniches se distinguent par leur langue, un dérivé de l'allemand, intégrant du romani, de l'hébreu et du rotwelsch. Au-delà de la Suisse, d'autres Yéniches vivent principalement en Allemagne, en Autriche et en France. Cette population est issue de l'ethnie rom (voir cette entrée) originaire d'Inde. Depuis 1999, la Suisse reconnaît officiellement les Yéniches, Sintés et Manouches - qu'ils soient nomades ou non - en tant que minorités nationales, après avoir ratifié la convention-cadre du Conseil de l'Europe pour la protection des minorités nationales. L'article 17 de la loi sur l'encouragement de la culture en est la base légale. La Confédération se doit donc de préserver et de développer leur culture. Cela se matérialise notamment «par le maintien et la création d'aires de séjour et de passage indispensables au mode de vie itinérant». «Les Yéniches et les Sinti et Manouches font depuis des siècles partie intégrante de la diversité culturelle de la Suisse», souligne encore l'Office fédéral de la culture. Ce dernier soutien leurs organisations représentantes et finance des projets de préservation de leurs langues et traditions. Tsiganes Considéré comme péjoratif depuis les années 80, ce terme sert à désigner des groupes au mode de vie non-sédentaire ou semi-sédentaire. Il faut préférer dire gens du voyage, autre désignation globale. Yéniches Les Yéniches forment la communauté de gens du voyage la plus importante du pays et sont des citoyens à part entière. On en compte environ 30'000, selon la Confédération, mais seulement 6% à 10% ont un mode de vie itinérant, du printemps à l'automne, pour travailler. L'hiver, ils sont sédentaires et se concentrent plutôt en Suisse alémanique (Argovie, Saint-Gall et Grisons). Les Yéniches se distinguent par leur langue, un dérivé de l'allemand, intégrant du romani, de l'hébreu et du rotwelsch. Au-delà de la Suisse, d'autres Yéniches vivent principalement en Allemagne, en Autriche et en France. Cette population est issue de l'ethnie rom (voir cette entrée) originaire d'Inde. Depuis 1999, la Suisse reconnaît officiellement les Yéniches, Sintés et Manouches - qu'ils soient nomades ou non - en tant que minorités nationales, après avoir ratifié la convention-cadre du Conseil de l'Europe pour la protection des minorités nationales. L'article 17 de la loi sur l'encouragement de la culture en est la base légale. La Confédération se doit donc de préserver et de développer leur culture. Cela se matérialise notamment «par le maintien et la création d'aires de séjour et de passage indispensables au mode de vie itinérant». «Les Yéniches et les Sinti et Manouches font depuis des siècles partie intégrante de la diversité culturelle de la Suisse», souligne encore l'Office fédéral de la culture. Ce dernier soutien leurs organisations représentantes et finance des projets de préservation de leurs langues et traditions.