À la rencontre des mendiants roms

02. Giugno 2024

Certains sont des visages connus des Lausannois depuis une quinzaine d’années, d’autres sont des nouveaux venus de Bulgarie. Pour comprendre qui sont ces mendiants et ce qui motive leurs déplacements, nous sommes allés à leur rencontre.

24heures/Marie Parvex

Maria est à genoux sur le bitume sous une pluie battante, juste devant la sortie principale de la gare de Lausanne. En position de prière, cette femme âgée a disposé un gobelet en carton au sol et un sac en plastique ouvert dans lequel se trouvent de nombreux emballages de médicaments. Maria est une Rom de Roumanie et elle mendie. 

Comme elle, des dizaines de personnes demandent l'aumône, assises sur des trottoirs ou accostant les passants. S'ils ne sont pas les seuls à mendier, les Roms sont les plus visibles et sans doute ceux qui nous interrogent et, parfois, nous dérangent le plus. Ce sentiment est encore exacerbé par l'impression empirique qu'ils sont toujours plus nombreux dans nos rues.

Pour tenter de comprendre ce qui les amène et comment ils fonctionnent, je décide d'aller à leur rencontre avec l'aide du photographe spécialiste des Roms de Roumanie, Yves Leresche. Cela fait presque trente ans qu'il les photographie, des rues de Lausanne à leurs maisons roumaines. Il connaît leurs conditions de vie réelles, a dormi chez eux ou avec eux dans les parcs lausannois ou des parkings. Il me servira à la fois de porte d'entrée et de clé pour comprendre cet autre monde. Parce que partir à la rencontre des Roms, c'est un peu comme entrer dans une ville parallèle, avec ses codes, sa culture, ses habitudes et sa géographie.

Ivo, nouveau venu à Lausanne

C'est en 2009 que les premiers Roms sont arrivés à Lausanne. «L'adhésion de la Roumanie à l'UE et l'entrée de la Suisse dans l'Espace Schengen, en 2008, leur ont permis, comme à tous les Européens, de voyager librement avec une carte d'identité», rappelle Yves Leresche. Tous venaient alors de trois régions de Roumanie et étaient régulièrement en Suisse où ils sont désormais connus et soutenus, notamment par l'association Opre Rrom. Désormais, selon une étude réalisée par Jean-Pierre Tabin et René Knüsel en 2023, il y a des personnes de plusieurs pays: Espagne, Moldavie, Albanie mais principalement de Roumanie et de Bulgarie.

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