À Noville, les gens du voyage obtiennent une prolongation

29. Aprile 2024

La septantaine de personnes présentes depuis mercredi sur un terrain privé n’ont pas respecté l’ordre d’expulsion, fixé à ce lundi midi.

24 heures/Cristophe Boillat

Arrivés mercredi à Noville, une septantaine de gens du voyage et leurs 25 caravanes squattent illégalement un terrain privé, situé dans la zone commerciale. L'ordre officiel d'expulsion avait été signé le jour même par le préfet du district d'Aigle, Régis Joly. Lundi à midi était le délai donné pour lever le camp...À l'heure dite, les dames préparent le repas, les enfants jouent près de la station-service, deux poules gambadent, trois hommes sont présents. La majorité est allée travailler: volets à peindre, vente de tapis, remoulage. "Nous avons obtenu de rester encore quelques jours. Ce n'est pas très clair, soit jusqu'à mercredi, soit un peu plus", déclare un monsieur à l'entrée de sa caravane.

«On temporise»

Nommé par le Conseil d'État pour gérer la problématique des gens du voyage sur territoire vaudois, Laurent Curchod confirme: «Nous avons décidé de temporiser. Et de se donner deux jours supplémentaires pour souffler. L'ordre d'évacuation est toujours valable. Il est donc clair qu'ils ne vont pas rester sur ce terrain privé. Ils le savent.» Le «Monsieur Gitans» du Canton de Vaud, en contact avec les autorités de Noville et le propriétaire, cherche activement une solution. «Des pourparlers sont toujours en cours pour trouver un terrain légalisé, pour l'heure sur une commune du Chablais vaudois.» «Nous aussi, nous cherchons un emplacement avec eau et électricité», assure un autre membre de la communauté. Ils disent venir de Lille. Leurs plaques d'immatriculation indiquent qu'ils résident aussi à Paris et sa région, ou encore dans le Haut-Rhin.

«Situation endémique»

Pierre-Alain Karlen est, lui, toujours remonté. Constatant le non-départ des Gitans, le syndic novillois pointe encore «le fiasco constaté à tous les niveaux de l'État pour gérer ce genre d'occupation illégale. Vaud est le ventre mou de l'Europe.» Pour autant, l'édile veut toujours «soutenir M. Curchod et le Conseil d'État». Il révèle encore que le propriétaire du terrain squatté a déposé une plainte pénale pour violation de domicile. Un terrain par ailleurs propre: une benne a été mise à disposition. Elle est pleine de grands sacs noirs. Les gens du voyage le jurent: «Nous payons aussi 20 francs par jour pour chaque caravane.» Et en cas d'échec à trouver un terrain légalisé et donc de non-départ volontaire mercredi soir? «Un ordre d'évacuation forcée pourrait être décidé», conclut Laurent Curchod. Nos interlocuteurs français espèrent «qu'on n'en arrivera pas jusque-là». Pierre-Alain Karlen espère de son côté un «changement de législation pour en finir avec ce genre de situation devenue endémique».